Session 12: presentation
Session | 12 (2002–2003) |
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Participants |
Benedetta Di Loreto |
Direction |
Yves Aupetitallot |
Session website | |
Coordination |
Alice Vergara-Bastiand |
Tutoring |
Lionel Bovier |
Educational team |
Liliane Schneiter |
People met |
Doug Aitken (artist) |
Travels |
Montpellier-Sète-Marseille |
Related archive
Documents
- Agenda Session 12 (FR) [pdf, 202.74 KB]
- Report seminar with Barnaby Drabble (FR/EN) [pdf, 1.16 MB]
- Compte-rendu séminaire avec Christophe Chérix (FR) [pdf, 72.79 KB]
- Compte-rendu séminaire avec Olivier Lugon (FR) [pdf, 556.1 KB]
- Rencontre avec Marlène MacCarty (FR) [pdf, 66.37 KB]
- Séminaire de Liliane Schneiter, novembre 2002 [pdf, 83.27 KB]
- Séminaire de Liliane Schneiter, décembre 2002 (FR) [pdf, 99.75 KB]
- Séminiare de Catherine Quéloz, Histoire des expositions (FR) [pdf, 109.09 KB]
Photographs
AIDS RIOT
Project |
AIDS RIOT |
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Presentation |
The outbreak of the HIV virus in New York in the 1980s provoked a large social crisis. The extent of the growing epidemic (41’589 registered cases in 1992) revealed the catastrophic management of the disease by the establishment and media. As a reaction against the stigmatization, discrimination and abandonment of the most affected communities, as well as the general censorship of preventive information, strategies for resistance were established at every level of civil society. AIDS RIOT focuses on the series of particular counter-attack strategies coming from the contemporary art field, put into action by artist collectives:
AIDS RIOT is a bilingual publication (English and French) which presents the positions of these collectives, as well as the reactions of intellectuals towards the crisis to the reader. |
Format |
Publication |
Date |
Published in 2003 |
Location |
Editions Le Magasin |
With |
Gregg Bordowitz |
Related archive
Documents
- Dossier de presse (FR) [pdf, 215.24 KB]
- Summary (EN) [pdf, 27.71 KB]
- Sommaire détaillé (FR) [pdf, 725.35 KB]
- Bookholder AIDS RIOT [pdf, 93.91 KB]
- Programme de projections vidéo (FR) [pdf, 89.34 KB]
- Essai de Flora Loyau publié dans “Multitudes”, n° 15, hiver 2004 (FR) [pdf, 1.12 MB]
Photographs
Interview with Nicolas Fenouillat
Entretien avec Nicolas Fenouillat
par Damien Airault
14.05.2018
Damien Airault : Tu es né en quelle année ?
Nicolas Fenouillat : En 1978.
DA : Tu es né où ?
NF : À Saint-Martin-d’Hères à côté de Grenoble.
DA : Brièvement, qu’est-ce que tu as fait avant ton année à l’École du Magasin ? Et juste après ?
NF : Avant j’ai fait le Conservatoire de musique en Percussions contemporaines à Lyon, l’ENM de Villeurbanne, et ensuite j’ai fait les Beaux-arts à Montpellier, cinq années. Et après j’ai fait le Magasin, ensuite j’ai travaillé pendant trois ans comme assistant de Jean-Louis Froment pour ensuite revenir à mon travail personnel.
DA : Est-ce que tu te souviens de comment tu as connu l’École du Magasin ?
NF : Oui, en fait je la connaissais depuis longtemps mais là où j’en ai en vraiment entendu parler c’est le jour où une amie des Beaux-arts m’a dit : « Ça ne te dit pas de tenter l’École du Magasin ? »
DA : Les Beaux-arts de Montpellier ?
NF : Oui, parce que mon travail d’élève était assez critique sur la notion d’accrochage. En troisième année, j’ai préféré présenter une performance, et en cinquième année, j’ai montré la bande annonce d’un film qui devait être réalisé le lendemain, après mon passage, qui résumait à peu près tout ce que j’avais fait. Il y avait tout à voir dans la salle mais tout était dans des caisses, prêt à partir. Donc je proposais au jury d’ouvrir les caisses et de sortir tout ça et je leur racontais tout ce que j’avais fait.
Donc cette amie me dit : « Ça te dirait de tenter ? » Elle s’appelait Flora Loyau et on a tenté tous les deux et on tous les deux été reçus.
DA : Du coup tu as grandi à Grenoble, jusqu’à quel âge ?
NF : Jusqu’à quatre ans.
DA : Tu disais tout à l’heure que tu avais vu les premières expositions du Magasin à la fin des années 1980.
NF : Oui, parce que mon père travaillait à côté. Donc on faisait des allers-retours en voiture. J’y allais souvent le week-end pour qu’il puisse me « garder ».
DA : Donc tu as quasiment tout vu des années 1980 et 1990 ?
NF : J’ai vu beaucoup de choses, je ne dirais pas tout mais beaucoup.
DA : Est-ce que tu as un souvenir mémorable d’expositions là-bas ?
NF : Oui il y a des expositions qui m’ont marqué. Je ne saurais pas lesquelles…
DA : Juste avant que tu rentres, par exemple il y avait Jack Goldstein, Monica Bonvicini, Sylvie Fleury…
NF : Oui, il y avait aussi une exposition sur le surréalisme un peu avant 1 . J’y suis allé parce que j’étais étudiant aux Beaux-arts. Je m’intéressais à toutes les expositions donc j’allais tout voir.
DA : Comment voyais-tu l’École à ce moment-là ? Comme une école de curateurs ? Est-ce que tu avais une idée de ce à quoi tu allais être formé avant de rentrer ?
NF : J’y suis un peu allé par hasard, un peu comme les Beaux-arts. Pour les Beaux-arts, je voulais faire une école de cinéma mais il fallait avoir un Bac+2 et mes amis à l’Université redoublaient, alors que mes amis aux Beaux-arts s’épanouissaient. Donc j’ai tenté les Beaux-arts en me disant que je ferais deux ans et j’y suis resté cinq. Et bien sûr je n’ai pas fait l’école de cinéma. Pour le Magasin c’était un peu pareil. Je voulais voir un peu l’envers du décor et je ne m’attendais pas à ça.
Tu sais, il fallait faire un dossier écrit d’une proposition d’exposition et j’avais proposé une exposition à travers un livre. Et il s’avère que l’année où on a été pris, c’était autour d’une exposition dans un livre. C’est sûrement pour ça qu’ils m’ont pris. J’étais le seul artiste dans ma promotion.
DA : Pendant mon année et l’année d’avant ils ne demandaient pas ce genre de choses, il n’y avait pas de projet à rédiger. Tu te souviens du moment du jury ?
NF : Oui. Il y avait Lionel Bovier, Catherine Quéloz et Alice Vergara-Bastiand. C’était un super moment et en même temps j’étais un peu stressé. J’avais mangé avec Flora et on se disait : « Bon, il faut qu’on soit pris tous les deux ». Et on s’est dit qu’on s’offrait un restaurant si on était pris tous les deux.
C’est vrai que je me souviens de ce moment comme assez agréable. J’étais assez décontracté au final. J’ai stressé beaucoup à l’avance, ils me posaient plein de questions, j’avais l’impression de me vendre, c’était assez drôle. Mais c’était assez décontracté, j’avais trouvé Lionel très sympathique dans la discussion.
DA : Donc vous étiez combien dans la 12e Session ?
NF : Nous étions sept. Il y avait Caroline Engel, Aurélie Guitton, Benedetta Di Loretto, Flora Loyau, Ivana Mestrov et Anna Olszewska.
DA : Qu’est-ce que vous avez fait pendant cette année ?
NF : Nous avons fait un livre qui s’appelle AIDS RIOT, qui est un livre autour des groupes activistes qui se sont battus pour faire connaître le Sida, en tout cas à New York, entre 1986 et 1992.
DA : Group Material, General Idea ?
NF : Oui, ceux-là. Je me suis intéressé avec Flora à Gran Fury. Il y avait aussi Gregg Bordovitz. En fait on s’est intéressé à ces entités-là.
(…)
DA : Et vous avez rencontré Julie Ault ?
NF : Oui, on l’a rencontrée, mais pas tous. Je l’ai vue quand elle était à Genève où elle donnait une conférence aux Beaux-arts. Nous étions allés la voir.
DA : Pour placer le cadre, comment se passaient vos journée ? Quelles étaient vos occupations, vos activités ?
NF : Alors au début on a appris à se connaître. On est aussi partis en Italie visiter des choses. À l’époque Lionel Bovier était directeur de la session. Et on a aussi travaillé avec Fabrice Stroun qui a un peu amené le sujet. Donc Fabrice est parti à New York chercher des documents en plus de ceux qu’on a trouvés. Et puis on est partis en Suisse aussi voir certains documents comme les affiches.
DA : Stroun a rapporté des documents originaux ?
NF : Oui on en a eu quelques-uns. Et il a ramené quelques contacts comme ça on a pu communiquer avec, par exemple, AA Bronson qui est devenu une personne qu’on a vu plusieurs fois et qui se souvient de nous.
On travaillais le matin. Rendez-vous à 9h ou 10h à l’École, ça dépendait, et on finissait le soir vers 20h. Après on parlait encore et moi je prenais le train souvent. Comme j’habitais Lyon, je faisais l’aller-retour tous les jours, trois heures de train par jour.
DA : Quand, dans l’année, est arrivé ce sujet sur le Sida ?
NF : Assez rapidement. En fait, quand on a rencontré Fabrice, je ne m’attendais pas du tout à ça : un type avec un tee-shirt de trasher, des grosses chaussures défaites ou des baskets. Je m’attendais plus au côté costard-cravate. C’est comme ça que je m’imaginais plutôt les commissaires d’exposition en fait. Lui est arrivé avec sa grosse barbe en mode grunge… On s’est bien entendus, il était bien cool. Avec Lionel, ils s’entendaient bien puisqu’ils travaillaient déjà ensemble sur plusieurs livres chez JRP 2 .
DA : Au Magasin, il y a souvent une sorte de Grand Tour des institutions, des directeurs, des commissaires influents. Est-ce que c’était encore comme ça pendant ton année ? Qui est-ce que vous êtes allés voir ?
NF : Pas trop. Parce qu’en fait on est vraiment resté sur ce sujet, sur cette préoccupation. Ça a pris beaucoup de retrouver tous les documents, de tout traduire. On a fait beaucoup d’interviews, qu’on a beaucoup retraduites. En fait, on est allé faire un tour en Suisse, mais c’est tout. On a aussi fait un tour en Italie, à Rome et à Milan, mais c’était assez rapide, cinq jours.
Nous avons passé tout notre temps à faire ça. On a fait aussi une exposition de vidéos avec des intervenants. On avait invité Douglas Huebler, par exemple, Jimmie Durham, Thomas Hirschhorn…
On s’est occupé à l’époque aussi des expositions. On nous a utilisé pour repeindre les murs, mais j’ai aussi fait tout le son de l’exposition Doug Aitken, avec son assistant.
DA : Est-ce que vous aviez aussi des séances avec Catherine et Liliane ?
NF : Oui, environ deux fois par mois. Ça a été des chouettes rencontres dans ma vie. Que ce soit Liliane qui avait une manière un peu folle d’expliquer les choses et en même temps, je ne saurais pas décrire, on comprenait tout. Tu avais l’impression qu’elle parlait de quelque chose de très complexe mais avec une vraie simplicité – une vraie folie. C’était assez chouette. Il y avait Catherine qui était beaucoup plus « scolaire », enfin plutôt avec un côté plus professoral. C’était très intéressant, notamment sur les questions de féminisme.
DA : Vous étudiiez des textes ? Elles vous donnaient des lectures ?
NF : Oui, on a beaucoup lu. J’aimais ça.
(…)
DA : Est-ce que leurs champs théoriques étaient très politiques et ciblés ? Féminisme et Sida ?
NF : Un axe très militant. Et ce qui m’intéressait c’était aussi de voir comment l’art s’était imposé dans la société et y amenait des choses nouvelles. Par exemple, Gregg Bordowitz qui invente à lui tout seul, à 23 ans, une façon de filmer et de faire des reportages qui amène ce qu’on peut voir à l’heure actuelle. Alors qu’à l’époque on ne filmait pas comme ça et on ne parlait pas de ces sujets ou de cette façon. Il a inventé un nouveau style qui est le style aujourd’hui de « reportage ». Comment des personnes comme General Idea ont continué leur pratique plastique en mettant un focus sur la question du Sida. Comment Gran Fury, un groupe de militants qui n’étaient pas artistes, faisait de grandes affiches comme « Kissing doesn’t kill », où toutes les nationalités et tous les genres s’embrassaient.
DA : Est-ce que vous vous sentiez personnellement engagés ou impliqués dans ces problèmes politiques et sociaux, ou est-ce que c’est quelque chose que vous étudiiez avec plus de distance ?
NF : Chacun avait son rapport. Il s’avère qu’un ami de mes parents, une nounou, avait le Sida, et personne ne voulait lui louer un appartement à l’époque. En 1986 on ne connaissait pas trop cette maladie, mais mes parents ont fait confiance à cet ami, qui m’a gardé et qui est mort depuis. J’ai plusieurs amis qui ont eu le Sida, c’était des questions qui m’intéressaient mais aussi, ce qui m’intéressait c’est comment l’art est entré dans la société.
DA : Est-ce que vous faisiez des choses à l’extérieur du centre d’art, avec des associations, avec la « ociété civile » ?
FN : On a vu les gens d’Act Up, les dirigeants de ces mouvements, j’avais rencontré Act Up Lyon, etc. Mais le livre s’arrête en 1992 parce que c’est le moment où Bill Clinton reconnaît la maladie aux États-Unis et donne des aides. C’est un moment où la donne change et une grande partie des gens comme Gregg Bordowitz (qui travaille maintenant en Afrique) continuent leurs mouvements et leurs revendications.
(…)
DA : Par rapport au contexte local, tu as une grosse activité au Planning Familial de Grenoble, mais tu as aussi la télévision de Godard et Miéville… Vous étiez au courant ? Vous vous sentiez reliés à ça ?
FN : Oui. En fait mes parents sont les héros d’un film de Godard…
(Rires)
Je connaissais l’histoire locale mais on s’est vraiment penchés sur New York et sa scène.
DA : Comment percevais-tu le monde de l’art de l’intérieur de l’École ?
FN : C’est assez bizarre parce que j’ai eu l’impression durant mes années d’école, et jusqu’à un peu après, que les artistes connus étaient les meilleurs, sauf qu’aujourd’hui je ne dirais plus ça. Je dirais que ceux qui sont connus ne sont pas forcément les meilleurs. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas quelqu’un comme Jeff Koons, pour moi c’est le meilleur dans ce qu’il fait et dans ce qu’il est. Même si je n’apprécie pas trop son travail.
L’École m’a apporté un regard beaucoup plus critique. En même temps c’était intense et à la fois assez décontracté.
Après j’avais aussi une petite permission parce que j’avais demandé, lors de l’entretien, de partir en tournée pendant un mois avec mon groupe. Il y avait des vacances et je devais manquer deux semaines. Donc je suis parti un mois.
Il s’avère aussi que j’étais dans une session constituée uniquement de filles, sauf moi. Deux groupes de filles se sont formés et se sont écrit des pamphlets pendant que j’étais parti. Quand j’étais sur place j’avais un peu un rôle de « casque bleu ».
DA : Je crois me souvenir de ces histoires… Je me demande s’il n’y a pas des textes pamphlétaires qui se sont retrouvés directement sur le site…
FN : Peut-être, il y a des choses assez violentes qui se sont dites, et le projet n’a pas avancé pendant un mois. J’ai beaucoup travaillé après et avant.
DA : Donc l’ambiance était…
FN : En fait c’était un peu bizarre : l’impression d’être dans un immense hangar un peu vide avec peu de monde qui passait. Et donc nous étions dans cette école, dans cette pièce, derrière nos ordinateurs à écrire et traduire… On avait beaucoup de lectures, énormément de lectures, je me souviens que j’en profitais pendant mes voyages de trois heures le matin et le soir pour lire.
À la fin le but était de sortir ce livre et il est sorti.
DA : Vous avez réussi à le faire dans un temps record parce qu’il est sorti quasiment à la fin de votre année non ?
NF : Oui, il est sorti juste avant.
DA : Parce que Radio temporaire 3 a mis deux ans à être édité. Là vous avez « fusé ».
NF : Oui mais on avait un spécialiste avec nous : Lionel Bovier ! Nous écrivions les textes, il nous reprenait, c’était vraiment bien.
DA : Vous vous êtes répartis les tâches par artistes en fait ?
NF : Oui. On avait le regard sur tout mais on s’était spécialisé sur certains artistes.
DA : Est-ce qu’à un moment vous avez choisi des intervenants ? Où, en faisant pression sur Alice, vous avez essayé d’aller voir ou de faire venir des personnes en particulier ?
NF : Non, parce qu’on a toujours eu ce qu’on voulait, entre guillemets, concernant notre sujet. Je pense qu’on a fait un vrai focus sur ce sujet.
DA : Donc vous avez fait une soirée de projections vidéo et de rencontre-colloque, la sortie du livre, et je n’oublie rien ?
NF : Non, c’est ça.
DA : Comment ça s’est passé pour toi à la sortie de l’École ?
NF : Je m’étais dit que j’allais continuer à faire mon travail artistique, que j’avais continué aussi pendant mon année à l’École. Et en fait j’avais envoyé un mail à Jean-Louis Froment, qui était venu aux Beaux-arts de Montpellier et avec qui j’avais fait une exposition. Nous étions parti en résidence ensemble un mois au Maroc. Je lui ai dit : « Si tu cherches un assistant je suis là ». Et il m’a dit : « D’accord, je te prends au mot ». J’ai travaillé avec lui et je ne pouvais pas avancer mon travail personnel, c’était assez intense.
DA : Comment percevais-tu l’École à ce moment-là et comment est-ce que tu la perçois aujourd’hui, dans le paysage français ou international des études curatoriales ?
NF : C’est drôle parce qu’en 2006-2007, j’ai vécu à Amsterdam et j’étais assez proche des gens qui faisaient De Appel. J’ai vu un peu la différence. Il s’avère que De Appel avait plus de moyens et qu’il y avait quelque chose de plus intense. Mais je trouvais que l’École du Magasin avait une vraie singularité. Pour moi c’est hallucinant que ça ait fermé. Je ne sais pas si c’est la meilleure manière que de faire une école, plutôt que d’être passionné d’art et de créer des expositions – je ne sais pas. Je n’ai pas la solution. En tout cas l’École te donnait des outils que je n’avais pas et ça m’a beaucoup amené à regarder l’exposition, et ne plus regarder la pièce. Comment la sculpture est mise dans l’espace, comment elle est tournée…
DA : Il y a aussi la communication, la médiation, les publics…
NF : En effet, oui.
DA : Comment tu voyais le fait que l’École ne soit pas « diplômante » ?
NF : Personnellement, je n’en ai rien à faire. J’ai eu mes diplômes, un papier comme quoi j’avais fait l’École. Je ne sais même pas où il est. Mais il s’avère que j’ai choisi de devenir artiste, donc je n’ai pas forcément besoin de diplômes.
En tout cas je me souviens d’une anecdote. Je crois que c’était 90 euros l’inscription pour l’entrée, et je me suis dit qu’il était hors de question que je ne sois pas pris si je dépensais cet argent. C’est bête, mais dans ma tête je n’avais pas d’argent. C’est pour ça aussi que je ne voulais pas habiter à Grenoble et suis resté dans une sorte de squat où je ne payais rien ou presque à Lyon.
DA : Est-ce que vous aviez des per diem ou un peu d’argent donné par l’École pour les voyages ?
NF : Oui, pour les voyages.
(…)
DA : Et quels souvenirs tu as de l’administration et de la direction du centre d’art ?
NF : On s’entendait tous bien. Yves Aupetitallot n’a jamais discuté avec moi, parce que je partais aussi tous les soirs. Le train définissait mes départs et je n’allais pas aux afters, donc on s’est très peu vus. Yves n’était pas tout le temps là et quand il était là, il ne passait pas forcément à l’École.
DA : Est-ce que pour toi l’École a des défauts ?
NF : J’ai trouvé qu’un an c’était trop court, parce que finalement ce sont neuf mois intenses. Ce que je n’ai pas appris avec l’École je l’ai appris avec Jean-Louis Froment, c’est-à-dire des choses très concrètes comme monter une exposition dans un autre endroit qu’un lieu d’exposition, ou dans un autre pays. On a fait par exemple une exposition au Brésil, dans un magnifique espace de Niemeyer. On avait prévu des salles et quand on a montré le projet la personne en face a dit : « Vous savez, nous avons 53 écoles qui viennent de São Paulo et c’est 600 élèves par école. » On multiplie 600 par 53. « Il y a beaucoup de monde par jour et vos espaces sont trop petits. » Au Magasin nous avons pas été confronté à ce genre de choses. Peut-être que les autres années n’ont pas eu ça parce que nous étions vraiment dans notre projet de livre. Et c’était aussi le sujet de ma proposition.
Avec le recul, je me dis qu’on aurait peut-être dû plus bouger.
DA : Ça dépend vraiment des années. Nous, nous avons beaucoup voyagé. Autre question : Est-ce que tu sais sur quels critères vous avez été sélectionnés ?
NF : Je n’en sais fichtre rien. Pour moi c’était sûrement mon projet d’exposition. La plupart avaient des cursus universitaires.
(La conversation se poursuit pendant 3 minutes)
- Nous ne retrouvons pas l’exposition à laquelle Nicolas Fenouillat fait référence. ↩
- JRP|Ringier, aujourd’hui JRP|Editions, est une maison d’éditions de livres d’art contemporain fondée par Lionel Bovier Lionel Bovier et Michael Ringier en 2004. ↩
- Radio temporaire est le titre de la publication publiée en 2002, suite au projet éponyme de la Session 9 présenté en 1999 ↩